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Les Inrockuptibles (mai 2005)

Lisa Loeb au Divan du Monde le 21 mai 2005 : premier passage parisien intime et chaleureux pour la songwriter américaine.

Pour son premier concert parisien en plus de dix ans de carrière, la chanteuse-songwriter américaine Lisa Loeb était en droit de s’attendre à une salle un peu plus remplie que le Divan du Monde et sa petite quarantaine de spectateurs. Mais de la même manière que ses derniers disques, "Hello Lisa" et "The Way It Really Is" se sont distribués comme ils ont pu et au hasard en France, la promo pour le concert s’est faite sans l’aide de personne, sans affiche et sans annonce, un hypothétique contact français ayant apparemment oublié de travailler sur le sujet… C’est donc à un concert parfaitement confidentiel que les vrais, purs et durs fans parisiens, accompagnés de quelques Anglo-Saxons, ont assisté.

Et Lisa Loeb, charmante et accompagné d’un fidèle ami-guitariste – par ailleurs guitariste du groupe power-pop Gigolo Aunts – passe vite outre sa déception pour entamer avec peps et bonne humeur un joli patchwork de morceaux folk pop récents – "Window Shopping", "I Control the Sun", "Take me Back"… – ou plus anciens – "Do you Sleep", "Falling in Love". Entre les morceaux, Lisa, pétulante, est diserte, teste son français – plutôt bon –, parle avec humour et gourmandise de nourriture, de gâteaux, chocolat, insatiable.

Parce qu’elle “n’aime pas, en tant que fan de musique, aller à un concert où les artistes ne jouent pas leurs tubes“, Lisa Loeb n’oublie pas la chanson qui l’a fait connaître, Stay, grâce à laquelle elle fut la première artiste sans contrat avec une maison de disques à avoir été numéro un dans les hit-parades américains – en 1994, l’acteur Ethan Hawke, l'un de ses amis, fit entendre une démo de Lisa à Ben Stiller qui était en train de réaliser le film "Reality Bites" ("Génération 90" en français). Stiller mit la chanson dans la BO qui aussitôt propulsa sa créatrice dans les charts.

Lisa Loeb enchaîne ensuite, la voix sure et sucrée, des morceaux à la demande, et le public de connaisseurs en profite – "Garden of Delights", "Taffy". Qu’importe si elle ne se rappelle pas les paroles de "The Way It Really Is" qu’elle chante avec l’aide du livret de l’album prêté par un fan, si elle hésite sur les accords de "Moonage Daydream" de Bowie, Lisa Loeb joue et chante avec chaleur et bonne humeur ses ballades gracieuses et douces-amères. Le concert se termine, après une berceuse chantée en français – "Fais dodo" –, par le magnifique "Underdog". Un concert qui méritait d’être vu par une salle bondée, mais dont l’intimité fut d’autant plus précieuse pour les heureux spectateurs présents.

Anne-Claire Norot
23 mai 2005

article en ligne sur le site des inrockuptibles :
http://www.lesinrocksparis.com/DetailArticle.cfm?iditem=177021&idheading1=2